Il est 09h30 ce samedi matin. Sur le terrain A4, nos U12 vont disputer une rencontre face à Braives. Tout le monde est prêt. On n’attend plus que lui. Comme chaque samedi, il s’est levé tôt pour assouvir sa passion. Pour encadrer les jeunes. Il va lancer le match, faire respecter les règles du jeu, dialoguer avec les enfants, les aider à se relever, calmer leurs parents, échanger avec les entraîneurs. Puis il sifflera la fin des débats, goûtera à une bonne douche bien méritée, étanchera rapidement sa soif avant de saluer tout le monde et de reprendre le chemin de son “chez lui”. Dans l’anonymat, heureux, satisfait d’avoir, une fois encore, une fois de plus, apporté sa pierre à l’édifice.
Lui, c’est Jean Jacquemin. Il arbitre des rencontres de U12 et de U13. Il a 66 ans et se remet d’un triple pontage cardiaque subi en mai 2019. Il en faut bien davantage pour qu’il reste chez lui et se repose.
“J’adore arbitrer. C’est une vraie passion. Mon seul regret ? Ne pas avoir pris le sifflet plus tôt. J’ai commencé à l’âge de 35 ans, après avoir rangé mes crampons. Cela s’est passé de manière complètement fortuite : j’étais au bord d’un terrain à Neupré, où j’avais terminé ma petite carrière de joueur, et il manquait un arbitre. Je me suis dit : pourquoi pas ? Je me suis proposé. J’y ai pris goût. Et je n’ai plus lâché le sifflet…”
Qu’est-ce qui fait encore courir Jean Jacquemin ?
“Le plaisir. J’ai arbitré jusqu’en promotion et j’ai notamment été assistant lors d’un match mémorable à Verviers, lors du titre conquis par le RFC Liège en D3. Il y avait énormément de monde et cela reste mon meilleur souvenir. Je suis quelqu’un qui a besoin de bouger et je pratique beaucoup de vélo et de marche également. De toute façon, mon médecin m’a vivement conseillé de rester actif !”
Depuis toutes ces années dans le monde du foot, il a vu évoluer les mentalités, mais reste toujours positif.
“Je suis à Seraing depuis cinq ans maintenant, après avoir passé vingt-six années au Standard. Je m’y suis notamment occupé de la réception des arbitres de jeunes jusqu’aux Espoirs, avec mon épouse. Mon fils entraîne les U14 ici à Seraing. Avec l’expérience, j’ai appris à contrôler mes émotions. Des parents dépassent parfois les bornes au bord des terrains, mais je ne réponds jamais. Il faut faire preuve d’une bonne dose de psychologie et prendre parfois des pincettes (…). J’estime que les jeunes de maintenant ont plus l’esprit de compétition qu’avant. Ils sont plus agressifs aussi, mais vous savez, quand ils passent leur temps à à régulièrement jouer à des jeux de guerre sur leurs tablettes… Cela dit,je n’ai vraiment pas à me plaindre des mentalités ici. Généralement, cela se passe très bien avec les jeunes de Seraing.”
Ce samedi, lors de ce match face à Braives, l’adrénaline est parfois montée d’un cran, mais Jean a toujours été là pour tendre la main, rassurer un joueur ou détendre l’atmosphère. Au moment où nous parlions, une maman s’approche de lui, avec son fils, acteur du match sous nos couleurs :
- “Excusez-moi Monsieur, mon fils a quelque chose à vous dire.” s‘écrie-t-elle.
- “Je m’excuse pour mon comportement déplacé lors du match, Monsieur l’arbitre.” dit le gamin, tout penaud.
Jean Jacquemin acquiesce amicalement. Le respect est mutuel. Cela devrait toujours être le cas. Sans ces gens dévoués et passionnés qui se donnent corps et âme chaque week-end, il n’y aurait plus de football.
“J’ai 66 ans, mais je n’ai aucune envie d’arrêter. Tant que je pourrais courir, je continuerais à arbitrer.”
Merci, Monsieur. Respect à vous et bonne continuation !